Un archétype de la ville archipel - préserver et intensifier les contrastes ? Le quartier du Blosne et le plateau d’Orson forment deux entités radicalement différentes mais complémentaires. Elles sont antinomiques par nature : ville / campagne, dense / dilatée, urbanisée / ouverte. Le concept de «ville archipel» existe précisément par et grâce à ces contrastes spécifiques. Il s’agit donc de les préserver et les intensifier pour faire projet. Accentuer et densifier l’infrastructure délaissée du CHU c’est permettre de ne pas construire ailleurs et notamment en face sur le plateau d’Orson. Le projet agit ainsi comme un manifeste de la «ville archipel». Pour la perpétuer, il propose d’installer les «espaces capables» nécessaires au fonctionnement du plateau d’Orson, du quartier du Blosne et plus largement de la Métropole sur le site de l’ancien CHU : magasins de producteurs, stockages, entrepôts logistiques de dernier km, centre de formations, ateliers d’artisanat, logements saisonniers, stationnements,production électrique (fours solaires)... Parcourir, découvrir et reconnaître les lieux - des intuitions à interroger ? à première vue, le plateau d’Orson, avec ses champs et ses haies bocagères, peut sembler proposer un cadre idéal pour se promener à vélo ou à pied. À l’inverse, le quartier du Blosne peut paraître moins propice aux cheminements piétons avec une forte présence de la voiture et une situation urbaine avérée. En réalité, une fois sur site, le plateau d’Orson ne dispose pas ou peu de sentiers aménagés. En direction de la rocade, la majorité des voies sont sans issues. Le quartier du Blosne, à contrario, offre, en plus de ses nombreux parcs en réseau, une vaste coulée verte piétonne sécurisée le long de la rocade. Des terrains de sports y sont directement connectés. à cette échelle, le projet se veut être un outil d’orientation et de lecture. Le but n’est pas d’homogénéiser les deux rives mais de clarifier les structures, les milieux, le territoire hydrographique et géographique pour permettre aux habitants de se les approprier, de s’orienter et de les comprendre. Comme le dit Inessa Hansch, architecte, il s’agit de «rendre à l’usager son pouvoir d’orientation». Se rencontrer, vivre, entreprendre - du monofonctionnalisme au plurifonctionnalisme ? L’hôpital fontenoy conçu par Paul Phelouzat et Patrice Dutard, architectes, entre 1976 et 1980 est une vaste infrastructure rythmée par une trame structurelle carrée de 7,20 mètres. Très peu contraignante, elle offre une grande liberté d’occupation. à notre sens, ces qualités de réversibilité en font un objet durable et résilient qui ne peut être démoli sous le prétexte d’une difficulté d’aménagement. Le projet émet l’hypothèse d’une conservation totale de la croix et des ajouts qui s’inscrivent dans la trame de 7,20 mètres. Partant de ce postulat, l’enjeu s’est résumé à rendre cette infrastructure habitable et désirable pour les habitant.e.s du Blosne et de la Métropole. Habitable en ramifiant, densifiant et en ouvrant la trame aux vues et à la lumière. Désirable en transformant cette structure hermétique, technique et autocentrée en monument ouvert, public, traversant et extraverti.
