top of page

Rétablir le Blosne Le cours d’eau du Blosne, peu connu des Rennais-es, a pourtant donné son nom à la ZUP sud et fait partie des trois vallées, avec la Vilaine et l’Ille, à traverser Rennes. Profondément remanié et invisibilisé au 20ème siècle (canalisation, déviation, busage), il générait auparavant des milieux vivants et variés structurant le paysage et les usages. Le projet met en place des stratégies pour rétablir les fonctionnalités hydrologiques du Blosne afin de redonner au sol sa «capacité d’infiltration et de stockage» et «sortir de l’obsession de l’évacuation de l’eau» comme l’indique Emma Haziza, docteure en hydrologie. Les actions sont différenciées selon le contexte intra ou extra rocade : «en ville, cela veut dire désimperméabiliser et végétaliser le maximum de surfaces» et «à la campagne, rendre leur fonction d’éponge aux zones humides ou inondables, rendre leur tracé sinueux aux cours d’eau». L’objectif est double, il est écologique par nature mais aussi social ; cette renaturation est aussi un vecteur de liens, de qualité de vie, de lieux communs et fédérateurs. Des aménagements légers (passerelles, ancien parking, sentiers) permettent ainsi d’arpenter et contempler le site sans le dégrader. Il ne s’agit pas de recréer le passé mais de s’inspirer des milieux et usages historiques pour en renforcer l’identité, André Sauvage, sociologue, précise : «en ce temps (début XXe), où on ne connaissait pas la pollution, et lorsque le niveau d’eau le permettait, les adolescents s’exerçaient à nager. Réanimer les sols Aujourd’hui, le site du CHU est majoritairement artificialisé. L’enjeu est de limiter la construction aux seules zones déjà imperméabilisées et de déminéraliser drastiquement les espaces non construits pour libérer les sols et entamer leur réanimation. Les déchets urbains et les gravats de déconstruction du CHU sont réutilisés pour renouveler les sols ; devenus fertiles, ils permettent de stocker du CO², créer des îlots de fraîcheur, favoriser l’infiltration des eaux pluviales, accueillir de la biodiversité, produire des aliments nourrissants... Cette réanimation des sols permet aussi de caractériser les espaces communs des vivants. Gilles Gallinet, géologue et naturaliste indique «le paysage est toujours l’expression d’un sol en milieu terrestre». Au fur et à mesure, les sols ainsi régénérés créent différents milieux sur et autour du site de l’ancien CHU : milieu ouvert, boisé, humide... Historiquement, le site de l’ancien CHU était cultivé, plusieurs fermes étaient présentes. Il s’agit aussi de renouer ce lien archaïque et domestique entre l’environnement et l’alimentation par l’augmentation du réseau des jardins familiaux sur le plateau d’Orson et par la mise en place de plantes comestibles aux abords des chemins qui l’accompagne (fruitiers, baies, aromatiques, etc.) Recoudre l’infrastructure Dans une démarche croisée de résilience, d’économie de matière, de préservation des sols, le parti est de conserver et densifier au maximum plutôt que démolir. Une structure neuve en bois (poteaux poutres) augmente l’infrastructure préservée du CHU en investissant la logique constructive, en négociant avec le déjà-là, les imperfections, les irrégularités aussi. Comme un organisme, elle se développe ainsi selon les besoins en s’alignant scrupuleusement sur la trame originelle. Cette stratégie transforme l’infrastructure monofonctionelle du CHU en structure capable, plurifonctionelle et indépendante des usages existants et futurs garantissant sa flexibilité et son évolutivité. Comme l’explique Agwa, architectes, “l’architecture doit s’accommoder de l’usure et de l’appropriation. Le rôle de la structure devient alors essentiel. En tant que ce qui perdure, la structure c’est ce qui propose de la continuité dans le changement.” (Agwa, lecture Bozar A+, 11 octobre 2022). L’emprise étendue est limitée à un périmètre carré. Cela permet de préserver les sols et d’assurer la cohésion urbaine de l’ensemble. Les quatre façades du socle s’adressent généreusement aux quatre milieux qui leur font face : commerces, Amap, cantine solidaire, centre de santé, centre de formation s’adressent ainsi directement sur les espaces publics. Les nouvelles constructions du temps 3 (tours et maisons) s’inscrivent volontairement dans la continuité des logiques urbaines alentours, les parcs en réseaux et les percées piétonnes sont prolongés sur le site.

U01 extension rénovation d'un hôpital (lauréat ex aequo Europan 17)

bottom of page